12.30.2012

L'ombre ronde


L'ombre ronde du bougeoir vacille sur la table comme une petite flaque noire.

Ce matin j'ai pris des photos dans le garage. Elevage de poussière. Sur l'établi les longues toiles d'araignées. Descente d'une liane de lierre par le toit. Elle est entièrement couverte d'une sciure fine. Pend. N'a plus rien du végétal.

Comme les jungles de juin, dans la ville, mes natures impatientes.

C'est vision du temps, avec moins de précipitation ici, moins d'urgence.
Par délaissement.

Se laisser envahir.

















Je suis venue avec l'idée du retour. Du temps où j'habitais - ce lieu - quoique j'en garde, n'est pas rien. N'est plus à moi.

« Me laisser envahir » dis-je,
comme si j'étais l'objet posé sur l'établi, comme si j'étais 
cette chose recouverte et qui ne bouge pas.


















J'ai des absences.

Ce soir l'ombre ronde du bougeoir vacille sur la table comme une petite flaque noire.

Les enfants dorment dans le même lit. De nous trois je suis la mère.

12.20.2012

Nuit tombée


















Nuit tombée quelque part
17 heures, d'un seul coup
nuit tombée d'un seul coup
arbre de nuit
nuit grise des routes


(mais non)


Nous faisions de temps en temps une promenade autour de la maison. Le temps que nos yeux s'habituent à l'obscurité. Elle voulait toujours aller plus loin.
Une idée à elle : sauter dans le fossé pour se cacher des voitures. Elle trouvait que c'était un jeu. Plus tard moi j'ai cru que c'était un rêve.


(mais non)


Nuit tombée, irréelle, une histoire de fossés
(j'ai oublié le noir que c'était)
les phares des voitures


Il arrive ici aussi que tous les lampadaires soient éteints. Quand on a à faire dehors on prend une lampe et c'est une promenade étonnante.


ville nuit
rue de nuit dans le noir
plus silencieuse
on s'attend à des suprises aux détours


(mais non)




Carnet des départs - décembre




12.03.2012

Partir repartir

















Partir repartir l'heure est décisive. Je lève la poignée d'une porte que j'ouvre. Qu'elle tienne ainsi battante m'attende. Que je me décide à aller bottes aux pieds. Partir repartir reprendre pieds. Passer le corps à travers un espace. Que je fends comme un voile fin sans réfléchir. Franchir idem les draps étendus sur les fils. Qui font une barrière autour de la maison. Empêchent de prévoir de voir venir. N'empêche. Traverser l'étendue faire fi des pages blanches. Comme du reste s'embarquer. Plutôt par terre que par mer. Plutôt par mer que par air. Avoir toujours contre soi cette matière. Qui porte et qui assoie. Qui use et qui fatigue. Lasse retourne rabote lourde de conséquences. Qu'enfin au bout du compte bien loin bien repartie. Ah le petit oiseau picotements sous mes doigts. Dans mes jambes derrière la nuque les épaules. Pattes et griffes traces tout autour dans la neige. Ayant laissé des empreintes ici ici et là. Impatiente ayant bu aux trois flaques. Accouru. Ayant donné libre cours aux torrents. Cru aux ailes et aux choses ailées. Un instant à tel point qu'à l'arrêt. A l'arrêt de mes traces dans la neige. 
Je ne connais plus rien de la blanche traversée.
Carnet des Départs - décembre