12.04.2019

Poïétique du déplacement

                    De l'espace traversé à la traversée de l'écriture

THÈSE Langue et littérature française

Mention Pratique et théorie de la création littéraire et artistique. 
Co-encadrée par Violaine Houdart-Merot et Stéphane Bouquet, et soutenue publiquement 
le 19 novembre 2019 à l'université de Cergy-Pontoise.

Certains auteurs éprouvent la nécessité de se déplacer pour écrire : partir, sortir, se mettre en mouvement. Comment penser ce déplacement comme processus de création et comment celui-ci façonne-t-il l’écriture ? Ces questions sont à l’origine de cette thèse de recherche-création, qui explore une poïétique du déplacement depuis un régime d’investigation à la fois créatif et théorique. 
Cette double investigation fait aussi l’objet d’une approche heuristique, commentée dans une partie centrale qui interroge le processus de création et l’articulation des deux volets. Elle en constitue l’espace réflexif. 
Ainsi le déplacement met en jeu à la fois un contact avec le monde et un mouvement comme principe créateur : une cinéplastique. Il confronte l’écrivain et la littérature à une altérité, en activant une dimension expérimentale inséparable de la notion. 
La question initiale est donc mise en pratique dans le volet créatif à travers un dispositif de création en déplacement, une marche, qui devient l’articulation centrale du récit Vers les terres vagues. Ce voyage, qui est à la fois une rêverie, un parcours et une enquête, conduit le lecteur vers un alter-lieu où s’expérimentent alors des déplacements de sens. 
Le volet théorique cible quant à lui des textes contemporains en les resituant dans l’histoire du récit de voyage comme genre littéraire, puis en façonnant les taxinomies “récit de déplacement” et “récit en déplacement”. 
Trois modalités de déplacement organisent les chapitres de l'étude : 1. le voyage comme activation d'un inconnu ; 2. la déambulation comme réappropriation d’un espace public ; et 3. le parcours comme délimitation d’un dispositif de création in situ. La littérature convoque ici d’autres arts afin de saisir la dimension contextuelle d’une praxis en déplacement. 
Les questions d’écriture qui se manifestent dans le volet créatif viennent croiser ces axes de recherche en de nombreux points révélant surtout une esthétique de l’hybride et une dimension pluridisciplinaire. Elles soulignent in fine un réengagement du littéraire dans la réel à travers une dimension véritablement poéthique. 

7.01.2019

Écrire vers les ZAD

Collectif ZoneZadir — Séminaire "Zones"

Écrire vers les ZAD – Catherine Lesaffre et Virginie Gautier 
20 juin 2019 de 15h à 17h, site de Censier 

Virginie Gautier et Catherine Lesaffre écrivent « vers la zone ». Elles ont l’une et l’autre engagé une forme de nomadisme de l’écriture en rapport avec les zones interstitielles de la société, et notamment les ZAD. Nous irons dans cette séance à la rencontre de deux processus d’écriture de création, initiés à l’Université de Cergy dans le cadre du master de création littéraire, qui se sont poursuivis jusqu’à aujourd’hui. Que fait la zone à l’écriture ? Comment l’écriture de création, en tant qu’expérience sensible, avec son indétermination et son caractère d’errance mais aussi l’orientation qui guide sa recherche, est-elle en résonance avec la zone ?   L’écriture peut-elle être une approche éco-poétique de la zone ?

près une longue conversation avec une jeune fille parcourant le monde à dos de mules, Catherine Lesaffre s’apprête à une rencontre avec un jeune homme vivant en camion et se déplaçant de lieux en lieux repérés avec soin. Peut-être conclura-t-elle cette pérégrination (moins les récits qui en découlent) par quelques faiseurs de cabanes dans les arbres, souvent menacées de démolition. Ces jeunes gens ont un point commun : celui d’agir en recommencement sans plus attendre. Ces expériences ouvertes, qu’il s’agit pour elle de documenter, participent sans le savoir à l’extension d’un monde devenu difficilement habitable. Toute forme de vie inventive porte en elle le germe d’une avancée politique, de fait, au travers d’engagements dont il leur faut décider continument dans une continuité bravant, par intime conviction, l’uniformisation imposée.

Dans le cadre du volet littéraire de sa thèse qui questionne le déplacement comme processus de création, Virginie Gautier a mis en place, en avril 2017, un dispositif spatial d’écriture, appelé Marchécrire qui a consisté à rejoindre à pied, depuis son domicile, la ZAD de Notre-Dame des landes. Il ne s’agissait pas seulement de prendre pour objet d’écriture la Zone À Défendre, mais d’en faire une visée à même de mettre en perspective le territoire rural et périurbain traversé. Le texte achevé, Vers les terres vagues, est le récit de ce « voyage », au triple sens d’une rêverie, d’une enquête et d’un déplacement. Il est issu de plusieurs temporalités d’écriture, dont un ensemble de notations in situ et un corpus de ressources documentaires liées aussi bien à l’histoire de la ZAD qu’à des questionnements plus géographiques.

=> Lien vers le site et pour écouter les interventions

4.01.2019

rc/ Petit récit de traverse






26/03/19

Traverser des textes « c’est écrire des récits de voyage qui, incessamment (…) transforment des lieux en espaces ou des espaces en lieux ». 

Cette citation empruntée à Louis Marin pourrait marquer l’aboutissement (provisoire) d’un petit récit qui s’est constitué malgré moi et pourtant de mon fait — un petit récit de traverse en 4 étapes.



Du récit de voyage à la pensée traversière

Recherchant sur internet un élément de la définition que donne Louis Marin du récit de voyage — définition sur laquelle je m’appuie dans la première partie du volet théorique de la thèse car c’est celle qui me semble la plus concise et la mieux articulée autour de la notion de trajectoire (et de mouvement) — je tombe sur un article qui m’arrête par son titre : « Louis Marin sur les chemins de traverse »

Or, ce mot de traverse me trotte à l’esprit en ce moment car je cherche à formuler cette idée d’une pensée de traverse comme méthode heuristique. Ma façon de visiter un corpus particulièrement large et d’effectuer, plutôt qu’une fouille, une traversée est en adéquation avec mon sujet des "récits de déplacement" (et en réalité, sujet et méthode sont probablement liés de manière bien plus profonde pour moi qu’en une simple relation de cause à effet).
Or c’est précisément cette pensée à l’œuvre chez Louis Marin qu’évoquent les deux auteurs de l’article : 
la façon dont le sémioticien développe, d’un livre ou d’un texte à l’autre, une trajectoire de pensée en mouvement en s’attachant à la question de traversée, de passage — c’est-à-dire plutôt le par où ? (qua) que le depuis où ? (unde) ou le vers où (quo). Pratique qui nécessite de déployer une certaine légèreté, de rester toujours en mouvement, de ne pas chercher par exemple à assoir une position de spécialiste. 

C’est précisément ce genre de chose que je ruminais. 


De la pensée traversière aux jeux d’espace

Lisant quelques articles de plus de Louis Marin, je trouve les mots déviations, dérives, écarts, ou vacances... — lexique spatial qu’il emploie pour parler du livre de Thomas MoreL’Utopie

Et encore,

« Pour les siècles à venir, toute utopie commencera par un voyage. », écrit-il.

« Mais tout voyage n’a-t-il pas toujours été une utopie, non pas simplement la quête curieuse d’un “ailleurs” qui n’est tel que par la position d’un “ici” (…) mais d’abord, et surtout, ce moment et cet espace de vacance qui interrompt la continuité des temps et met en suspens l’ordre de lieux. » (L.M.)


Des jeux d’espaces aux Pistes de rêves

Au bas du site qui présente son livre Utopiques : jeux d’espaces, une liste déroule la proposition d’une bibliographie Art, territoire, cartographie, au hasard de laquelle je retrouve un livre dont il m’a été fait cadeau il y a quelques mois et que je n'ai pas encore ouvert  : Walking and mapping : artists as cartographers, de Karen O’Rourke (2013) . 

En prenant le temps de le feuilleter je m'arrête au chapitre 5, "When Walking Becomes Mapping : Labyrinths, Songlines", sur des images d’un projet multimédia réalisé par Barbara Glowczewski dont je connais le travail d’anthropologue. Son objet est une sorte de carte mentale interactive qui sert à relier les formes artistiques (chants, rêves, mythes) et les lieux (pistes, trajets, sites) sur le territoire désertique de la communauté aborigène Warlpiri d’Australie. 

Because tracking is really the core of most Aboriginal philosophy.” (B.G.)

She stresses the essential dynamism in Aboriginal culture where the track is “the trace left by something that is moving, dancing, or walking.” (K. OR.)


Des Pistes de rêves aux hétérotopies

Il se trouve que B. Glowczewski est l’une des premières personnes que j’ai croisée sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes quand, il y a deux ans, elle fut invitée avec Vanessa Escalante (réalisatrice de La Révolte des rêves) et Nidala Barker (militante australienne), à parler des luttes aborigènes. La ZAD est en outre le lieu depuis lequel j’ai souhaité fonder mon nouveau récit, Vers les terres vagues, qui constitue le volet littéraire de la thèse.

Je ne raconterai pas ici, car ce serait long et probablement incomplet, la place que prend dans mon travail cette façon aborigène de concevoir le territoire et de lier temps et espace par le déplacement. Dire simplement que c’est suffisamment important pour que je décide de faire 250 kilomètres pour passer la soirée sur la ZAD, où mon nouveau lieu de réflexion poétique (le bocage) en croisait alors un plus ancien (les pistes de rêve).
Une fois encore — et sans avoir l’impression d’y avoir brusqué quelque-chose — les aborigènes s’invitaient dans mon travail.


Récit d’utopie, dirait Louis Marin.

Où pensée traversière est pensée de dérive. 

Marchant, de trou d’eau en trou d’eau, dans mon paysage intérieur.

Croisant parfois sur ma piste de plus anciens marcheurs. 




[article : "Louis Marin sur les chemins de traverse", par Alain Cantillon & Pierre Antoine Fabre, 2016, "La vie des idées" revue numérique.]


Licence Creative Commons  VirginieGautier - journal de la thèse, Recherche & Création littéraire, Université de Cergy-Pontoise, laboratoire AGORA, 2016-2019 - Ce travail est mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

2.04.2019

rc/ Carte 9 - archipel de la thèse









Licence Creative Commons  VirginieGautier - journal de la thèse, Recherche & Création littéraire, Université de Cergy-Pontoise, laboratoire AGORA, 2016-2019 - Ce travail est mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

1.26.2019

Poésie au Six Elzévir
















Une invitation de Philippe Aigrain et de Mathilde Roux à reproduire l'évènement d'une poésie partagée, performée, dans le cadre du festival SECONDA.

Mon texte, "Les Déprises", 1ère version d'un travail en cours d'écriture, est audible et lisible sur les sites des revues Remue.net et Hors-Sol.