Affichage des articles dont le libellé est Carnet des Départs. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Carnet des Départs. Afficher tous les articles

4.17.2020

Par les épines denses

#13

Par les épines denses
par les tiges grotesques
par cette lumière qui change tout le temps
dans l’effort du vent
tout en haut d’une côte
je pourrais trouver un terrain d’entente 
avec moi-même

Centon issu du florilège des ( ) de jour, => http://vg-dejour.blogspot.com

=> une nouvelle série de ces "Lettres-océan" est à retrouver à bord du Pandémonium, une croisière d'écriture par temps de confinement organisé par le Master de Création Littéraire de l'université de Marseille AMU, Jean-Christophe Cavallin et Christine Marcandier.

4.10.2020

L’exploration physique

#12

L’exploration physique
la nécessité de sortir du périmètre délimité
d’atteindre un point de vue
un arbre isolé
un petit tertre
une guirlande d’algues
de tout prendre
en toute hâte
sur ses épaules


Centon issu du florilège des ( ) de jour, => http://vg-dejour.blogspot.com

4.08.2020

Puis le jour, puis l’ombre, puis la nuit

#11

Puis le jour, puis l’ombre, puis la nuit
la nuit nous vérifions nos fondations avec des mots
je pose l’index sur les écrans striés 
(avec retenue) 
ceci n’est pas un rêve
je ne voudrais pas me tromper

Centon issu du florilège des ( ) de jour, => http://vg-dejour.blogspot.com


4.04.2020

Une forêt illusoire manque de feuillage

#10

Une forêt illusoire manque de feuillage
n’a ni lourdes branches
ni broussailles
pas de coyotes, ni peaux de bêtes — rien du tout
de sorte que je ne sais pas mettre un nom 
sur ce qui se tapit 
dans l’obscurité


Centon issu du florilège des ( ) de jour, => http://vg-dejour.blogspot.com


4.02.2020

Et donc, mon corps

#9

Et donc,
mon corps est l’endroit
où le voyage recommence
peau, traces de routes, doigts dans le soleil
torse au rebord d’une échelle
bouche au vent, sans voix
cheveux tempête 
appareillage !



Centon issu du florilège des ( ) de jour, => http://vg-dejour.blogspot.com




On entend des pierres

#8

On entend des pierres qui éclatent 
très vite
comme des gouttes d’eau
mais tout reste entre nous
on met un mouchoir sur les décombres
pourquoi tant de précautions ?

Centon issu du florilège des ( ) de jour, => http://vg-dejour.blogspot.com

3.27.2020

C'est un voyage à rebours

#7

C’est un voyage à rebours
on le commence ensemble
si nombreux
je prends ce moment-là

Centon issu du florilège des ( ) de jour, => http://vg-dejour.blogspot.com

Quelque fois une fenêtre

#6
 
Quelque fois une fenêtre / your window / qu’il suffit d’ouvrir 
pour qu’une fille en salopette passe avec son cheval brun
qu’une gamine apporte un crabe vivant

(les gens se poussent du coude)
(des doigts touchent d’autres doigts)

ou bien, de refermer / your window /
comme un petit couteau de cuisine 
afin que les gens
le ciel
ne soient plus dehors 
mais dedans


Centon issu du florilège des ( ) de jour, => http://vg-dejour.blogspot.com

3.25.2020

Tout le monde regarde

#5

Tout le monde regarde les portes matelassées
le nord géographique
un sextant
des blocs de glace
regarde la planète s’incurver

Une succession de bandes sans couleurs
(des promesses)
nous sautent au visage.
— on pourrait obtenir le monde mais vous retenez la bride


Centon issu du florilège des ( ) de jour, => http://vg-dejour.blogspot.com

3.24.2020

Cher, la verdure les parcs

#1

Cher,
la verdure
les parcs
les tunnels
le sol moquetté
la longueur des avenues
les bruits de conversation
se dérobent sous moi avec l’être que je ne fus jamais.
Si bien que je m’immobilise et pose ma tête sur la mousse et ferme les yeux à demi.

Centon issu du florilège des ( ) de jour, => http://vg-dejour.blogspot.com

3.23.2020

J’ai traversé le Doghing

#4

J’ai traversé le Doghing
passé le Haihai
franchi le Taihu
comme le poisson dans le courant de la rivière
tous les jours quantité de mouvements se pressaient à ma vue 
surtout des plus sauvages

Centon issu du florilège des ( ) de jour, => http://vg-dejour.blogspot.com

3.22.2020

Je ne m’accroche à rien

#2

Je ne m’accroche à rien de ce qui traverse la nuit
quelqu’un dort peut-être
quelqu’un pense à sauver sa peau 
quelqu’un demande, comment les gens d’ici gagnent-t-ils leur vie ?
ou, qu’y a-t-il au bout de ce magnifique canyon ?
je ne sais pas où nous allons, je ne pense pas l’avoir su 
et si nous n’allions pas quelque part, nous n’y allions pas
et voilà tout


Centon issu du florilège des ( ) de jour, => http://vg-dejour.blogspot.com

Je me lève tôt

#3

Je me lève tôt et m’envole pour Manhattan acheté aux Algonquins 24 dollars avant l'invention de l'Amérique
Je me lève tôt et m'envole puis tout recommence par n’importe quel point de la ligne de fuite
Je me lève tôt puis tout recommence par n’importe quel point où je me tiens

Centon issu du florilège des ( ) de jour, => http://vg-dejour.blogspot.com

3.21.2020

Du dedans au dehors

#19

Je me réveille suspendu aux branches
nuages à portée de mains
et les saisons
et l’horizon indien
et les fragilités immenses de la mer
bâties pour durer.

(très bien ici,
toujours lentement)

Centon issu du florilège des ( ) de jour, => http://vg-dejour.blogspot.com

Ici tout bouge


Ici tout bouge
cette lumière qui change tout le temps
je m’étais perdu 
ne reviendrai plus 
alors fous-moi la paix avec tes paysages
parle-moi plutôt du sous-sol.

Centon issu du florilège des ( ) de jour, => http://vg-dejour.blogspot.com

1.26.2019

Poésie au Six Elzévir
















Une invitation de Philippe Aigrain et de Mathilde Roux à reproduire l'évènement d'une poésie partagée, performée, dans le cadre du festival SECONDA.

Mon texte, "Les Déprises", 1ère version d'un travail en cours d'écriture, est audible et lisible sur les sites des revues Remue.net et Hors-Sol.

1.12.2017

Poésie au Six Elzévir
















Une invitation, par Philippe Aigrain et Mathilde Roux, à compléter le corpus Guillotin à l'occasion d'un micro-festival de poésie In situ - Incipit.

Mon texte, un "Blues de la Nation" tout en cou / en coupe / en  coulure / en coudée / en coup dur (...) est lisible sur le site Remue.net 

11.07.2016

À 10 000 mètres d'altitude je lis "Les pâques à New York"





































Dans l'avion qui nous emmène, j'embarque avec Blaise Cendrars
"Du monde entier au cœur du monde". 
Nous traversons l'Europe, c'est rapidement la nuit 
Nous survolons la mer Caspienne (un trou), le Turkménistan, l'Afghanistan — 
l'écran le dit, il faut le croire. 
À la frontière entre le Pakistan et l'Inde, l'avion dessine un crochet insensé
en V
puis reprend sa ligne droite. 

À 10 000 mètres d'altitude je lis "Les pâques à New York" en suivant sur l'écran le monde
 (les températures, les vitesses, les distances)
Une ombre en forme de cuvette 
(c'est la nuit qu'on traverse)
Remontant quelque peu en arrière le temps qui ne passe pas plus vite. 
Quand-même j'ai l'espoir, en lisant les "Poèmes Élastiques", d'approcher un matin, n'importe lequel. 

Un nuage à cette hauteur est un magma mal mélangé où nous tressautons en aveugle. 
À ce stade on ne sait plus trop bien ce que devient en bas le paysage.

Il dit que le paysage ne l'intéresse plus
Mais la danse du paysage
La danse du paysage
Danse-paysage
Paritatitata
Je tout-tourne *   

À 3h du matin j'aborde les "Documentaires", du concret enfin. 
À coup de ciseaux dans l'œuvre de l'ami Le Rouge (Gustave, auteur de romans populaires), Cendrars fabrique pour moi de petites cartes postales comme-si-on-y-était déjà
clic-clac, Kodak ! 
Il est précis et prévoyant. Il a tout écrit à l'avance. 
Je n'ai qu'à fournir les images.

Pendant des semaines les ascenseurs ont hissé des caisses des caisses de terre végétale
Enfin
À force d'argent et de patience
Des bosquets s'épanouissent
Des pelouses d'un vert tendre 
Une source vive jaillit entre les rhododendrons et les camélias
Au sommet de l'édifice l'édifice de briques et d'acier
Le soir
Les waiters graves comme des diplomates vêtus de blanc se penchent sur le gouffre de la ville
Et les massifs s'éclairent d'un million de petites lampes versicolores
Je crois Madame murmura le jeune homme d'une voix vibrante de passion contenue
Je crois que nous serons admirablement ici *   





































À ce stade je me suis endormie, rêvant de ce 34ème étage à Singapour où tu m'attends. 
Mon corps déjà nostalgique du sol. 
À l'arrivée, balades, les rues, les musées
c'est sûr, tu as tout programmé.

Visite des serres
Le thermo-siphon y maintient une température constante
La terre est saturée d'acide formique de manganèse et d'autres substances qui impriment à la végétation une puissance formidable
D'un jour à l'autre les feuilles poussent les fleurs éclosent les fruits mûrissent
Les racines grâce a un dispositif ingénieux baignent dans un courant électrique qui assure cette croissance monstrueuse
Les canons paragrêle détruisent nimbus  et cumulus
Nous rentrons en ville en traversant les landes
La matinée est radieuse... *






































































*Dix-Neuf Poèmes Élastiques, Ma Danse


*Documentaires, West, Roof-Garden


*Documentaires, West, Laboratoire


Blaise Cendrars
"Du monde entier du cœur du monde", NRF, Poésie Gallimard, 1967 / 2006.

9.18.2015

Exposition des dessins à la Librairie & Curiosités, à Quimper 
du 23 septembre au 17 octobre 2015

Rencontre autour des livres, avec les éditions du Chemin de fer 
le 25 septembre à la Libraire & Curiosités
le 26 septembre à l'Ivraie, à Douarnenez





7.12.2014

Verte, je

Entrer dans le vert du jardin, très près. Jusqu'à ce que fleurs, branches, tiges et ramures ne se distinguent plus de celles qu'elles avoisinent. Feuilles parasols pour la plante rampante, ombreuse, l'espèce qu'elles recouvrent. Lianes mélangées aux branches des fruitiers. Buissons, ne pas chercher le pied, la formation précise. Perdre au passage les noms des roses anciennes. Des couvres-sols dépareillés, perdre la composition, le mouvement d'ensemble, pour retrouver l'esquisse. Plus proche de la nature d'une telle profusion, d'un tel affolement, qu'on croyait maitriser. Entrer dans le vert du jardin, découvrir une suite de lignes, non saisissables, et de balancements. Souplesse des tiges, raideur des branches, leurs façons de courbes ou d'ellipses, leurs cassures. Et puis chacune leur retombée unique. Allant pour décrire les mouvements de l'air, qu'elles subissent. Les sons que produisent les feuilles dans les arbres derrière, en chuintement de consonnes. 
Entrer dans le jardin comme dans un fruit, se perdre, dans le mélange des verts : chlorophylle, de gris, prairie, attendri, translucide, absinthe, sauge, poireau, opaline, Véronèse, sapin. Les masses volubiles déchirées de grandes lignes, fusant, obliques. Des tâches d'autres couleurs, claires ou vives, pointillées, en virgules, en touches irrégulières et étoilées d'insectes. Quelques noirceurs aussi pour ne pas oublier qu'on peut y enfoncer la tête. Cavités, ramper dans le jardin. Prise dans son trouble, ses fluctuations. Vertige pour mes yeux butineurs. Vertige tant il a l'air, à chaque regard, de se refaire. Une réalité qui n'est pas aussi douteuse que moi-même, que mes capacités fragiles, perceptions qui s'aiguisent un peu et puis redeviennent séparées, lointaines. Dire est nécessaire pour affiner le voir. Monter le voir à la conscience d'une chose : rien, qui puisse se dénombrer, s'arrêter, se contenir. Rien, dans l'infinité des formes, des lumières, des couleurs, qui soit réductible à mon expression. Qui n'ait été mille fois tenté. 

Moi, verte, dans l'antre du jardin, très près. Les moucherons dans mes cheveux me font penser aux feuilles triangulaires des bouleaux qui scintillent, en tournant d'un côté de l'autre. 
Le bruissement des trois peupliers, dont la prise au vent produit un son qui enfle à chaque souffle, donne froid. J'essaie de me les représenter nécessaires, et il est vrai que leurs troncs devenus massifs font comme trois pattes d'éléphant, vénérables. Mais, trop hauts pour cet espace d'un demi hectare, et qui devraient plutôt bruisser pour les grandes plaines, les bords de lacs, de rivières, comme ces peupliers de Virginie, d'Amérique.
Verte, je, dans l'antre du jardin, très près.
Le temps qu'il faut prendre pour voir. Les jours d'approche et de piétinement. D'observation où je reste, incapable, sous la coupe d'une durée. Patiente. À attendre que le corps trouve un rythme, une échelle, une taille, un accord enfin.