5.29.2025
Rêvé que je traversais la ville de nuit
1.24.2025
En ce moment j'écris des lettres-océan
En ce moment j'écris des lettres-océan, j'envoie des bouteilles à la mer. Cette suite de centons commencée il y a plusieurs années, je l'ai régulièrement mise en retrait pour accueillir d'autres projets d’écriture. Lâcher, oublier, ne pas user. En réalité je crois que la poésie, pour moi, c'est cela : ce qui traverse le temps. Une durée. Ni une expression, ni un chant, ni un cri, mais une matière à habiter. Une façon d’échafauder quelque chose en laissant du jeu entre les morceaux. Des poignées, des ouvertures, la trame des jours. Une habitation dont la précarité, paradoxalement, serait un gage de fiabilité. La poésie doit tenir. Mais elle doit tenir en ayant toujours l'air de commencer, de se recommencer. Elle doit savoir marcher sur un fil. Et si le monde change, continuer d'en découdre, affiner sa tension, poursuivre son mouvement d’équilibre. Son inactualité me rassure. Tout de même, pour ne pas perdre ce fil, au bout du bout des pages, j’ai fixé deux mots en italiques, flottement et adresse. Deux mots pour retenir l’idée d’une conversation par-delà un vide, un espace à traverser, une absence de terre. Ni poèmes pour combler la distance. Ni poèmes pour s'ancrer. Mais pour faire de cette distance irréductible une forme d'approche. Pour faire de ce mouvement, comme je l’écrivais dans Vers les terres vagues, une façon de demeurer. Deux mots, comme un très petit mémo. Je ne sais si ça aide.
1.07.2025
Je voudrais continuer de fréquenter la nuit de près
3.27.2024
Penser l'en cours, les chantiers ouverts
2.27.2024
Tout un mois de janvier
Tout un mois de janvier à Dunkerque pour plonger dans l’écriture, dans la grande chambre d'écriture où la lumière glisse d’une fenêtre à l’autre, où nuit et jour, sommeil et rêves peuvent se mêler mieux, emplir le même volume. Une chambre blanche comme une page. Elle m'engage dans le récit du jour quand il fuit, quand il revient et de ce qui se passe dans cet entre-temps, aubes et crépuscules, nuits et rêves. Celui-ci : nous visitons une grande maison circulaire en construction où seule une petite chambre est parfaitement finie, et précieuse. Je l'associe au texte en chantier. Ou encore celui-ci : je suis dans une grotte comme dans une cachette, tapie dans un repli étroit avec vue sur la campagne en contrebas. Rêves d’habitation, au sens plein d'habiter, c'est-à-dire de se laisser atteindre par ce qui nous entoure. En résidence, une part du travail consiste justement à cela : se laisser atteindre. Il me semble que c'est pour cette dé-familiarisation que je pars. Un dépaysement que j’exerce d’abord sur moi-même, devenant cette personne poreuse, un peu flottante, allégée du quotidien, lestée par un désir d’écriture. Les derniers soirs sont venus des rêves de portes battantes et de courants d’air. Franchissements moins agréables. Il était temps de rentrer. Je ne pouvais plus ajourner ce moment médical que je repoussais, à l'issue duquel, dans la "salle de réveil" consécutive à l'anesthésie générale, je me revois tapotant sur mes paupières, d’un index puis de l’autre, comme sur un clavier. Et tandis qu'une voix me demandait ce que je faisais avec mes yeux, je m'entendais répondre : "j’écris, je prends des notes".
11.29.2023
Écrire pour penser ce qui se trame
11.07.2023
Ateliers à Carpentras
9.19.2023
Ils semblent loin les kilomètres
9.04.2023
En montant dans la vallée de l'Elqui
7.31.2023
Visiter le Museo de los artes precolombiano
Santiago, Chile
6.29.2023
Et donc, ils sont revenus
6.22.2023
Pause
6.06.2023
Démarrer lentement
5.31.2023
C’est une construction comme j’aime
4.28.2023
Entrer dans l’écriture
4.14.2023
Et parfois il n’y a que cet espace
4.05.2023
Il y a, il y a, il y a
Mardi 4 avril
Il y a, il y a, il y a chaque jour le temps compté. Il y a ce week-end passé dans le jardin. Ce qui s’y construit au fil des années. Et ce qui s’y rejoue à chaque saison. Les journées y sont si pleines que j’entrevois chaque fois la possibilité que cela soit suffisant pour nourrir une vie complète. Mais ce serait trop simple, bien sûr. Il y a ce grand chantier de candidature qui barre toute la semaine et me cloue assise devant l’écran, le dos brûlant. Il y a ce texte inachevable, qui m’oblige depuis des mois à chercher encore, à chercher plus fort — qui me demande plus que ce que je peux donner, repousse chaque fois plus loin quelque chose, mais quoi, exige l’impossible : poursuivre — l’impossible : arrêter. Un texte piège, j’y suis prise, s’y déprendre, l’envoyer.
3.22.2023
Élasticité du journal
Mardi 21 mars
Élasticité du journal. Je crois que mon temps est ailleurs, plus souple, distendu, temps vécu qui fait des boucles d’une chose vers une autre et c’est mieux qu’il en soit ainsi puisqu’on est toujours entre mille et un morceaux qu’il nous faut sans cesse recoudre — temps en pièces détachées — c'est cela le travail du récit : recoudre. Ces derniers jours, le temps de la “rencontre” avec Barbara Glowczewski raccommode 1999 à 2022 ; tandis que celui autour de l’oeuvre de Francesca Woodman en préparation d’une lecture à Douarnenez me fait me retourner vers 2012, 2014, 2020 avec le bel article de Sabine Huynh sur Les yeux fermés, les yeux ouverts, qui commence par « un livre qui hante ». Ils s'écrivent si lentement et longuement, mes livres, j'espère qu'ils hantent un peu, en tous cas ils m'habitent tous ensemble parfois comme un seul texte, si bien qu'il y a souvent un fil de phrase qui traîne et finit par ourler un livre à l'autre. En lecture il s'agit pourtant de réactiver un présent propre au texte, quelque soit l'époque où il fut écrit. À Rochefort-sur-Loire, un an déjà après la parution de Vers les terres vagues. Ou à Douarnenez, huit ans après celle de Les Yeux fermés, les yeux ouverts. Gerry Badger écrit que chaque autoportrait de Francesca enferme un petite pépite de temps et d’espace (a little nugget of time and space) — ce temps long d’exposition qui floute la silhouette est celui qui fait trace puisque, finalement, « le passage est ce qui reste ». Susan Howe, elle, note dans Mon Emily Dickinson, cette phrase qui me plait beaucoup et qui est peut-être le contrepoint de l'idée précédemment formulée — mais elle permet de faire de ce passage même du temps un objet de la poésie : « les liens entre les choses que rien ne relie constituent l’irréelle réalité de la Poésie ».