21 février 2024
Tout un mois de janvier à Dunkerque pour plonger dans l’écriture. Dans la grande chambre-bureau la lumière glisse d’une fenêtre à l’autre, nuit et jour, sommeil et rêves emplissent le même volume. C'est une page. Elle m'engage dans le récit de quelques rêves. Par exemple, nous visitons une grande maison circulaire en construction où Seule une toute petite chambre est parfaitement finie. Ou encore, je suis dans une grotte comme dans une cachette, tapie dans un repli étroit, vue sur la campagne en contrebas. Rêves d’habitation, au sens plein d'habiter, en se laissant atteindre par ce qui nous entoure. En résidence, une part du travail consiste justement à se laisser atteindre. Il me semble que c'est pour cette dé-familiarisation que je pars. Dépaysement que j’exerce d’abord sur moi-même. Devenant cette personne poreuse, un peu flottante, allégée du quotidien, lestée par un désir d’écriture. Les derniers soirs sont venus des rêves de portes battantes et de courants d’air. Franchissements moins agréables. Il était temps de rentrer. Je ne pouvais plus ajourner ce moment médical que je repoussais. À l'issue d’un examen nécessitant une anesthésie générale, dans ce qu’on appelle la salle de réveil de l’hôpital, je me revois tapotant sur mes paupières, d’un index puis de l’autre, comme sur un clavier. Une voix me demande ce que je fais avec mes yeux et je m'entends répondre, j’écris, je prends des notes.
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