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3.15.2013



Le vendredi 29 mars 2013
Rencontres de la petite édition
MK2 Quai de Loire - Paris 19

/ Captation vidéo de la soirée

/ "Les Zones ignorées" sur Liminaire, une proposition d'atelier d'écriture par Pierre Ménard

/ "Les Zones Ignorées" sur le site de la librairie Elan Sud, par Dominique Lin 

9.03.2012

Des rencontres,







Des rencontres,


Je n'ai jamais fait auparavant d'atelier d'écriture. Je suis arrivée dans les centres CCAS dans l'idée de proposer cela, chaque fois que possible, afin de passer plus de temps sur place. D'allonger non seulement la durée mais aussi la qualité des rencontres avec les ados. De leur donner la parole, de les entendre.
Je suis arrivée avec mon bagage pour les rencontres : mon livre annoté, marqué de signets, un paquet de marque-pages, du matériel vidéo pour projeter des images. Supports de discussion et d'échanges autour de l'écriture et des thématiques du livre : la ville, la solitude, le paysage urbain, comment nous le voyons, ce que nous en faisons.
Je me suis incrustée dans les tablées de midi pour me faire connaître, prendre le pouls du lieu, sentir les caractères. Les liens, les rapports de connivences, les réticences.
J'ai jonglé avec les emplois du temps des ados, leurs activités. De la veillée du soir à la rencontre du matin. Me rendre disponible. M'installer dehors, ou dans une tente, tirer un câble électrique, tendre un drap-écran, etc.
J'ai pris le temps de feuilleter les bibliothèques, d'en extraire quelques livres dont les textes croisaient mes propres thématiques. De les proposer à lire aux ados pour clore la rencontre sur d'autres voix que la mienne, qui avait suffisamment occupé l'espace.
Chaque jour ils ont dit oui pour lire. M'écoutant, ils ont soutenu mon regard, me rendant cet appui dont j'avais besoin pour m'adresser véritablement à eux. Chaque fois j'ai retrouvé ce soutien, cette belle présence adolescente, intègre. Rarement ils se sont défilés. 
Ils ont parfois posé des questions vives : « Qu'est ce que ça apporte aux autres ? », mais sans malice. Des questions qui révèlent le niveau d'exigence qu'ils ont vis-à-vis des adultes, leurs attentes. Des questions, ou des confidences : 
« Mon frère, il écrit de la poésie ».
J'ai essayé de prendre dans chaque endroit la mesure de ce qui a eu lieu (ou pas), pour réinventer, construire différemment le lendemain.
Je suis arrivée avec mes mots, repartie avec les leurs. Peu d'entre eux dans l'ensemble ont écrit, mais certains ont voulu essayer quand je leur ai demandé une phrase. Une seule. Une phrase-paysage.

« Des nuages entremêlés
cachant un ciel azur
sur la forêt Fouesnant. »

« Dans ce bois, la tempête
chasse les biches, 
fait danser les sapins. »


Certaines phrases me frappent, m'impressionnent, pour de multiples raisons. De leurs qualités, ils ne se rendent pas toujours compte puisque l'âge les meut d'un bord à l'autre, et qu'il est difficile de les saisir, de les arrêter, même un instant. 
Baptiste, qui n'arrivait pas à sortir de son environnement, d’une vie difficile dans un quartier difficile. Baptiste, qui ne disait pas grand-chose, est venu écrire :

« Si la famille
les rapatriements
il n'y a pas de campagne
que des HLM
c'est misère... »


Qu'il ait réussi, après plusieurs essais et recommencements, à énoncer quelque chose comme ça, ça n'était pas gagné. Pour moi comme pour Baptiste il n'y a pas de petite victoire. 
Je les ai remerciés. Suis rentrée en pensant à eux, ces ados, qui sont comme des morceaux de verre. Il faut y regarder sous l'aspect commun, le désinvolte. Il faut y voir le tranchant et l'éclat. 















Tournée Auteur CCAS, centres 15-17 ans, 6-10 août 2012 – V.Gautier « Les Zones Ignorées »

3.10.2012

Extrait




/ Extrait P.36/37

"A force d'obliquer, de changer de direction, il arrive que tu sois totalement perdu, que tu ne saches plus si c'est vers le sud ou l'ouest et dans quel quartier, au milieu de quel ensemble d'immeubles tu te déplaces et qu'importe. La faim te tenaille mais tu sais qu'elle passera. Tu sais qu'à un moment tu traverseras une avenue que tu reconnaîtras, d'où tu repartiras pour t'enfoncer encore parce qu'à quoi bon savoir où l'on se trouve, tomber nez à nez avec cet endroit où l'on fut quelqu'un d'autre, le croire ou se tromper, n'être pas bien sûr, cela a pu changer et encore, toutes les villes se ressemblent un peu.
Tu préfères sans doute éviter des pistes trop lisibles, t'en tenir à l'est globalement, ne pas franchir certaines frontières connues de toi seul, sillonner interminablement comme si l'effort consistait à pénétrer à l'intérieur de quelque chose que tu voudrais découvrir ou savoir ou comprendre.
Est-ce que tu échoues quand tu te retrouves devant ce carrefour où se rassemblent une dizaine de voies, que tu restes debout sur le revêtement gris à bulles marquant l'orée de la chaussée, que tu laisses passer un, puis deux, puis trois feux avant de te remettre en marche comme un somnambule, qu'au centre du croisement encore, sur le terre-plein en forme d'îlot où s'amassent les piétons, au milieu des voitures et des camions, tu restes une fois de plus figé ?”





/Le texte "Les Zones Ignorées", est paru aux Editions du Chemin de Fer, en mars 2010 avec des encres de Gilles Balmet.

1.18.2012

“Les Sédiments”, chutes#1





"Fractions partout, des collisions, morceaux épars bout à bout ou devant derrière. Désordre des configurations plus ou moins sombres ou claires ou saturées de lumière. Vertige, des impressions trop nettes, des particules soudées grain à grain dans la masse, impossible à rompre. On ne peut pas creuser avec le doigt non plus. S'enfoncer plus avant dans l'inspection des surfaces lissées ou martelées ou piquetées et ce qui les séparent. Des angles définitifs, des lignes d'achèvement, des fossés que ne soulage aucune absence de matière au contraire. Démultiplication des faces à revers, jointures idem pas de trou. Des lignes de faille à considérer jusqu'au bout, entre les broches des agrafes, ressaisissement du solide sous forme de pansements métalliques fichés en travers du passage, des obstacles à répétition. Charnières chevilles gonds verrous anneaux crochets tiges enfoncées pour retenir pendre fixer supporter sertir insérer. Crocheter tordre pressentir la flamme, forge âge de fer maillets et marteaux. Lourdeur des parties primitives revêches aux épousailles. Dilutions des alliages, composites, granulats, molécules qui se resserrent, se figent en une disposition calculée. Piliers, poteaux piquets grilles barres câbles tréfilés, effilés, filetés. Sans compter extraction des huiles, nappage des substances en surface, alchimie, solidification de ce qui affleure, a vu le jour. Sans compter remontée des roches arasées, étrangères aux formations souterraines qui les ont engendrées, des soupçons de mica, de quartz, d'azurite à l'aube et encore. Lointains souvenirs des carrières dans l'émail. Aboutissement des silicates en vitres trompe-l'œil, les parois sans existence, intouchables plutôt que translucidité, demi-jour, surfaces laiteuses à peine nées des antres. Inépuisables matières. Sans compter les espaces, toutes choses ensembles bougeant sur elles-même en une réserve de débattements et d'amplitudes En plus du reste des dedans insoupçonnés, en nombre proportionné, inouï, sans fin, problématique. Continuité des parois s'ouvrant etc., des écarts. Des écarts plein à craquer, des changements de direction jusqu'à l'absurde. L'absurde continuité des choses formant espace sans fin donc, précipitées ou encastrées, ou ayant glissées l'une sur l'autre, colmatées. Des alignements s'engendrant monstrueux, multipliés par plus de fois que l'œil n'en peut compter. Défilé d'ombres organisé par les hauteurs triomphantes, cherchant bas leurs assises. Meulières massées en attroupement, accolades, adossements, l'importance du nombre, du poids, de l'occupation des sols. Des parallélépipèdes en plans inclinés, lignes de fuite obliquant vers des horizons purement mathématiques, des segments, des axes, des projections dans l'azur. Des suites de droites soumises par les gouffres où ce qui ne se tient plus en surface se relie au-dessous en un enchevêtrement annelé qui plonge, ressort en déviations, confondu-dissocié. Pompe, déjections, nourriture, battement des cœurs innombrables et spasmes peut être, imprévus. Il n'y a pas de périphérie, ni la nuit d'extinction. Les signes muets s'articulent entre eux, clignotent, s'ouvrent se ferment. Fleurs lumineuses, tâches, feux follets, sirènes, meutes, bruit de cascade, chant d'engoulevent, une fin quelques part sûrement il faut bien que quelque chose finisse."


12.29.2011

Les Sédiments, chutes#2






RESIDU, BAGASSE, BOUE, BRAN, CADMIE, CALAMINE, CENDRE, COPEAU, CULOT, DEBRIS, DECHET, DEPOUILLE, DETRITUS, ECUME, EXCEDENT, EXCREMENT, FOND, LIE, LIMAILLE, MACHEFER, MARC, ORDURE, PARIA, PULPE, RAMAS, REBUT, RELIQUAT, RELIQUE, RESTANT, RESTE, ROGNURE, RUINE, SCORIE, SEDIMENT, TARTRE

badigeons, impacts, scories
murs, miettes
longer, raser, côtoyer, border
tâter, explorer, éprouver, reconnaître, tâtonner, hésiter, essayer, toucher, palper
myopie
sentir, se frotter, se cogner, glisser le long

12.20.2011

"Les Sédiments"



Des barbes de ciment, 
des picots hérissés en petites pointes blessantes, 
des gouttes immobilisées dans le séchage, 
les rainures de l’outil dans la matière bâclée on voit presque la main pressée désabusée pansant le pied de ce mur pour une raison qui échappe d’abord il faudrait s’y pencher.









/ Le texte "Les Sédiments” est sur le site Publie.net