07 novembre 2023
Résidence avec Laurence D., à Carpentras, pour mener des ateliers autour des "chemins coutumiers" dans un centre d’accueil qui héberge des personnes isolées et en grande précarité qui nous poussent dans nos retranchements. Les gens nous forcent à imaginer des solutions d'adaptation à des visites fluctuantes, à un travail dans l’immédiateté, à leurs difficultés à se poser pour écrire. Je réalise qu'il faut que quelque chose en nous soit un tant soit peu posé, pour écrire. Nous imaginons des formes de prises de notes et d'enregistrements vocaux, dedans/dehors, collectes à transformer en récits à partager. Puis nous nous échappons une journée dans le parc des Baronnies. Visite de l’exposition “La Nuit démesurée” et plongée dans les nuits textuelles de Giono. "Ma sensibilité, écrit-il, dépouille la réalité quotidienne de tous ses masques ; et la voilà, telle qu'elle est : magique. Je suis un réaliste". J'aime le paradoxe. La qualité magique du réel me parait aujourd'hui très évidente. L'un des buts de l'escapade est une balade nocturne. Marche dans une nuit venteuse sur une route forestière. De la lune n'apparait que le halo entre les masses nuageuses. Les rafales dans les arbres portent l'odeur des pins, nous en avons plein les narines. Dans la descente les cailloux roulent sous les pieds. Un certain vacarme d'automne. Quelques jours avant mon retour, une tempête de Toussaint frappait la pointe du Finistère. L'ampleur des dégâts laissait plusieurs voisins dans le noir et nous faisait une fois de plus réfléchir à nos dépendances électriques.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire