Janvier 2025
Je voudrais continuer de fréquenter la nuit de près. Dessiner dans le noir, restée plongée dans le temps du noir. Car le noir sur la feuille est d'abord la marque d'un temps démultiplié, un temps qui fabrique, trait après trait, une autre image du dehors, un presque illisible, un inaperçu. Je voudrais rester liée aux nuits du dehors dans lesquelles m'a plongé le projet d’écriture. Deux années ont noué ce fil secret que j'espère ne pas trop distendre. Rester encore un peu là où je suis allée chercher, par l'écriture, des nuits anciennes, des nuits présentes, de possibles nuits futures. Tentant d'organiser cette décroissance de lumière avant de rassembler les pages et d'envoyer le texte. J’ai attendu. J'attends. Me priant de ne pas remplir ce vide, même s’il est déroutant, lancinant. Ne pas remplir ce vide, garder l’espace intact au-dedans. Pour cela, dessiner. Dessiner trace quelque chose depuis ce délaissement.