"Filant, filante, ce qui coule sans se diviser et s'allonge en une sorte de fil continu. Mouvement continu de la crête des arbres, balayage des deux côtés de l'habitacle, une vitre, un cadre, la terre telle quelle, ciels."
L'autoroute est comme un pont suspendu à peine accroché au paysage. Il faudrait passer dessous, traverser des morceaux de forêts, une voie ferrée, un terrain sûrement interdit d'accès tout le long protégé d'un grillage. Pour sortir à découvert au ras du fleuve dans la proximité du remous. Pour atteindre au bout de ce grand dénivelé, l'eau, qui n'est d'aucune couleur sauf celle boueuse de la terre quand le soleil la traverse et qu'apparaissent les grains, les poussières en suspension. Dans ce monde brun où rien ne pèse, où tout flotte et se balance, immobilisé dans un état d'oscillation qu'un rayon de soleil traverse un instant à l'oblique puis quitte. Restituant à la matière son mystère, aux arbres leurs reflets, au ciel le sien qui marque le fleuve d'argenté comme une travée de lumière, une raie au milieu des terres."
"Six voies de circulation entre le roc et l'eau, chaque côté maintenu écarté par des fossés, des glissières, des bordures maintes fois ouvragées, des découpes parfaites, des directions incontournables. L'ourlet de quelques arbres ni tout à fait sauvages ni trop entretenus, la hauteur du talus, les terres en travail brunes blondes ou vertes dans le plat de la plaine, ensemencées de rangées impeccables, dressées, couchées, dessinant des motifs balayés par le vent."
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