la voix s'enfuit
elle entre dans une zone d'obscurité
n'es pas ma ville n'es pas ma peau n'es
pas ma voix n'es pas ma ville n'es pas ma langue n'es pas mon rêve n'es pas
la
nuit une rue peut tout perdre tout – et des heures durant à courir sur
une moisson fine d'écume et des heures la chercher cette rue - et
la rue reste dans le silence
une porte s'ouvre - bref trait de lumière
– seuls les yeux noirs et les cheveux ondulés emportés par le vent
j'ai enfin non je n'ai pas de – et autour
la ville en position haute verticale de tant de lumière brulée – et sa nuque
à elle brûlée par la lumière
réveille – toi réveille – toi - ici –
j'ai oui je viens je je te suis je marche dans tes pas je – attends moi attends
-
un corps se penche une voix se penche –
marche continue marche sur la ville comme on marche sur l'eau – comme on marche
sur l'eau
elle entre dans une zone de déception
un sillon s'ouvre un sillon sonore
s'ouvre elle descend une ruelle puis une autre ruelle une autre ruelle – et
sous la pluie l'animal détale
elle effleure le mur de sa main – elle
entre maintenant dans l'errance dans l'errance extrême et tous les bleus de la
ville se fondent le bleu outre - mer le bleu aniline le bleu de delft le bleu
transparent le bleu Tage ciel et – elle court
elle entre dans la zone de perte
on entend loin une voix - j'ai vu le
bourreau posté là avec ses amis immobiles quatre fils de bohème
elle dévale une ruelle à façades
écorchées - deux ombres fuient - on entend deux voix - oui je viens je - attends moi attends je marche dans tes
pas - je - j'ai oui je viens je - attends moi attends moi - je marche dans tes pas - je marche sur cette ville comme on marche sur l'eau
un bateau glisse sur le fleuve un bateau
chargé de lumière
elle trébuche elle agrippe la voix elle
colle la voix dans sa bouche elle entraîne la voix dans sa course
elle entre dans la zone d'incertitude
une autre moitié de ciel une autre moitié
de ville une autre moitié de – elle saute
par - dessus le mur
un cri un chant bref un rire – une ronde
d'enfants huit boucles sonores sous le premier ciel
elle entre dans la zone du temps infini
le bourreau tombe dans sa peau nouvelle
de ville – elle rue pierre façade
rue pierre place rue rues désordre de rues pierres tentative de pierres
elle se précipite elle se jette dans la première rue vide
elle entaille le silence - attends moi attends je marche dans tes pas - je -
j'ai oui je viens je - attends moi attends moi - je marche dans tes pas - je marche sur cette ville comme on marche sur l'eau
du jaune entre dans le ciel bleu
un cri
un chant bref
un rire
elle entre dans la zone de rêve
elle descend les marches
elle entre dans la cour
elle ouvre l'obscurité
elle tourne dans le cri sombre éclatant
ses pieds nus frappent l'eau
elle danse le bruissement de l'eau
elle répand sa voix
Elle entre dans une zone de lumière
brûlée
ana nb
Plaisir de recevoir à nouveau Ana ici, pour une ville en rêve, traversée, ce vase communicant d'avril. Nos échanges de fragments en construction par mails. Et puis le hasard retrouvé, la découverte de ses phrases : "ses pieds nus frappent l'eau", à mes phrases :"on ne sait plus où mettre le pied l'eau si elle est douce".
Elle, ici.
Elle, ici.
Mon texte là-bas
Tiers Livre et Scriptopolis sont à l'initiative d'un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d'un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… "Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.".
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