Écrire pour penser ce qui se trame. Croiser relier. Cette commande d’un texte sur les sols pour un projet de concert radiophonique, que je ne pouvais refuser, parce que le sol est un objet central de mon travail. Que je nommais déjà Sols 1, Sol 2, Sol 3 mes sculptures aux Beaux-Arts. Que dans la 1ère note de ce Journal très irrégulier, en 1999, j’évoquai le texte d’Edmond Husserl, L’Arche-terre ne se meut pas, où la question de la terre comme sol est posée sous le prisme de la phénoménologie. Et parce que depuis je dessine des "carottages" et des "éléments de géologie" sur les pages du livre Pierres et terrain de Gaston Bonnier (1880). J’avance dans l'écriture de ce texte, "Sols 360°", en attendant une prochaine période de résidence au laboratoire d’archéologie du CNRS, à Rennes. J’avance en coupant mes journées en deux, matins chéris de l'écriture, du temps dilaté de l'écriture, qu'il n’est jamais facile de quitter. Avec cette difficulté l'après-midi, de passer à tout autre chose, et même parfois d’une chose à une autre sans me sentir morcelée, dispersée ou même pétrifiée par la multiplication des fragments. J’ai imaginé une stratégie qui consiste à penser que tout est un seul et même sujet. Un sujet certes mouvant et polymorphe — animal monstrueux, exigeant, insatiable, qui se nourrit de tout — t’y inclus ma lecture du livre de David Abram, Comment la terre s’est tue (2013), et celle du Manuel de cartographies potentielles : Terra Forma, (F. Aït-Touati, A. Arènes et A. Grégoire) que j'ai réouvert et reste une mine d'inspiration.
11.29.2023
11.07.2023
Ateliers à Carpentras
Ateliers (avec Laurence D.) à Carpentras, pour mener des ateliers autour des "chemins coutumiers" dans un centre d’accueil de personnes isolées et en grande précarité. Des ateliers qui nous poussent dans nos retranchements, nous forçant à imaginer des solutions d'adaptation à des visites fluctuantes, à un travail dans l’immédiateté, à des difficultés à se poser pour écrire. Il faut que quelque chose à l'intérieur de chacun soit un peu posé, que le corps et l'esprit soient un peu au calme pour écrire. Aussi nous imaginons des formes de prises de notes et d'enregistrements vocaux dedans/dehors, collectes à transformer en récits à partager. Puis nous nous échappons une journée toutes les deux, pour souffler, dans le parc des Baronnies. Visite de l’exposition “La Nuit démesurée” et plongée dans les nuits textuelles de Giono.
"Ma sensibilité, écrit-il, dépouille la réalité quotidienne de tous ses masques ; et la voilà, telle qu'elle est : magique. Je suis un réaliste". J'aime le paradoxe et la qualité magique du réel me parait aujourd'hui très évidente. L'un des buts de l'escapade est une balade nocturne. Marche dans une nuit venteuse sur une route forestière, entre les masses nuageuses et l'odeur des pins, un vacarme d'automne. Dans la descente les cailloux roulent sous nos pieds. tandis qu'en même temps, une tempête de Toussaint frappait la pointe du Finistère. L'ampleur des dégâts dévastait quelques jardins et laissait plusieurs voisins dans le noir, nous faisant réfléchir, une fois de plus, à nos dépendances électriques.
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