chambre
au cadre fixe de la fenêtre le bois se colore
amorces d'aubes le vent continu
la parole allongée dans le temps
je monte à l'étage sans regarder la végétation confuse
tenture coussins tout ce qui pousse a poussé s'accroche
sans regarder je monte
au-dessus
les combles comme les caves gouvernent
rendent à la maison le secret qu'à peine elle contient
l'ourlet du placard
j'y accroche deux doigts pendant que la pointe du pied tâtonne à la recherche d'une bordure
du bord supérieur d'un tiroir qui devrait être là
presse légèrement ce rebord s'y appuie pour n'être pas sur rien
R. me cherchera un peu
par le centimètre donné je franchis l'espace vertical
me hisse
grimpe sur le meuble intouché et de là
(perchée sur l'armoire les ailes repliées)
envisage la suite
il oubliera
la suite c'est dans l'instant c'est l'instant qui débute
il n'y a pas de passé pas d'histoire
rien qu'une mince traversée pour basculer de l'autre côté sur la poutre
ce que je fais là je me le demande
j'avance centimètre par centimètre
jusqu'à la lucarne qu'une main déverrouille
une main
l'autre retient le corps en équilibre
avant l'angle sur l'accotement
esquisser vers le vide ce basculement
ne pas peser
se déplier se tendre se garantir un axe avant d'envoyer chavirer tout le reste
voilà c'est reparti
voilà
ce présent du départ revenu avec
chaque geste qui compte double
c'est un travail de précision
je suis entrée par la porte de devant je sors par la lucarne
suspendue tête basse le bassin haut tenu
ils penseront m'avoir inventée
mes jambes en balancier glissent dans l'ouverture forcent le dos à suivre le chemin du dehors
cette efficacité me comble dessine un sourire
je repars
sur le toit le jour dans sa blancheur phosphorescente se lève au ras de terre
sous le bruit étouffé de mon saut l'asphalte
puis c'est l'humidité de l'herbe
je laisse la route à d'autres coupe à travers champs.
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