A
Berg C'hour* les bénitiers attirent le soleil dans leurs nacres sous
les porches des basiliques. Remontés ruisselants du fond des mers,
c'est l'avantage de la côte. Les murs ont la couleur d'ardoises
effritées, gris-bleu nuit rongé comme seul fait le temps quand
il s'allie aux choses du climat. Vent de l'ouest et tempêtes de mer.
A Berg C'hour les mouettes font les poubelles pendant qu'air ronge
les murs. Pour les mouettes tout le monde le sait, en est sûr.
Je
passe un jour ou deux sous une tente qui démultiplie le bruit de la
pluie – à tout prendre et en guise d'eau j'aurais bien vu celle
des vagues. Jusqu'à ce qu'un matin un éclat du soleil sur un
carreau de camping-car rebondisse dans ma chambre d'hôtel. Rez de
chaussée. Ouverture entre deux nuages. Berg C'hour s'éveille. Me
tire une fois de plus vers la mer de laquelle il n'offre rien d'autre
qu'une forêt de mâts. Promesse, ou tentative. J'écoute des
cliquetis qui me rappellent ma préférence pour les ports. Y dormir
plutôt que dans les coques des navires. Le chant des drisses
à l'appui de la terre. A Berg C'hour le vent me déporte en arrière.
En
arrivant je prends la photo d'une flaque de boue dans un nid de poule
parfaitement circulaire.
En
arrivant je fais le pépiement d'oiseau sur un parking en pensant à
une gamine qui danse à Wuppertal.
Ma légèreté est
réellement borderline.
Une statue de Napoléon désigne
l'endroit du doigt, va ! avec ta petite mallette
d'outils bricoler quelque chose qui est plus grand que toi. Tant pis pour la promesse tardive des vagues, l'océan délié. J'ai la silhouette des
yuccas en ligne de mire. Les pontons. La cité de la mer et l'exposition.
Les garçons aux cailloux qui m'ont fait revenir en arrière, même si je me retourne, je ne les verrai pas. Berg C'hour ne sera plus jamais comme cette fois, un détour, ouverture entre deux nuages. Même si je me retourne. Puisque demain n'est pas la suite d'hier, tout le monde le sait ça, le sait bien.
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