Ils viennent du Kosovo, d'Afghanistan, d'Irak, d'Erythrée, d'Etiopie.
Pour franchir le passage de Calais, ils viennent de Somalie ou d'Iran, patientent dans des taillis, des sous-bois. Des talus. Des parkings. Empruntent des chemins à couvert qu'ils appellent pistes, tracks, avec cette démarche silencieuse et lasse qu'ils ont en commun.
Il faut beaucoup de patience.
Dans l'exil tout rappelle l'attente.
Cette ville, elle a complètement dépassé ses limites. Elle s'est étendue en longues filoches. Pistes en écharpes enroulées sur elles-mêmes, cousues, déchirées. Loques. Lambeaux. Pistes distendues, où ils marchent comme derrière un rêve qu'ils repoussent plus loin. Longues pistes du rêve. Longues suites de pas les uns derrière les autres, avec des piétinements aux frontières.
On est dans la forêt.
On bricole des échelles en bois dans la forêt.
La mer devant est fermée.
La barrière se poursuit jusque dans la mer.
On ne sait plus bien où l'on est, depuis combien de temps on est partis. On se rappelle d'où l'on vient. On vient chercher la vie qui est devant.
Qu'est ce qu'on trouve ?
Entre les îles et le continent, dans les détroits, les passages, les canaux. Tout le long de la mer Méditerranée. S'il faut grimper. S'il faut sauter. S'il faut courir. S'il faut ramer.
Est-ce la mer qui est devant ?
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