Prendre des mesures c’est un peu inquiétant cela produit des sommes. C’est tout de suite une addition de kilomètres, de jours, de nuits, d’écarts et de distances, le retour d’un vertige. Il faut approcher la carte avec circonspection, se garder de confondre les échelles, mesurer l’imposture que génère l’image, ne pas la prendre pour contenu, s’y accrocher quand-même. Comme à son seul repère. S’y tenir.
Pour décider d’une traverse, d’un raccourci ou d’un détour.
Visualiser la diagonale à l’arrière de la côte atlantique, les accrocs des embouchures. L’absence de ponts, les zigzags des sentiers. Le tour du marais, les coupes possibles. Les voies ferrées, les patelins, les dénivelés, les rivières, les toitures. Les ronds-points, les entrées de ville, les centres comm., les pistes cycl., les forêts, la gare.
Visualiser la diagonale à l’arrière de la côte atlantique, les accrocs des embouchures. L’absence de ponts, les zigzags des sentiers. Le tour du marais, les coupes possibles. Les voies ferrées, les patelins, les dénivelés, les rivières, les toitures. Les ronds-points, les entrées de ville, les centres comm., les pistes cycl., les forêts, la gare.
Imaginer des paysages approximatifs, des routes, des bas-côtés qu’il faudra piétiner à rebrousse-poil des voitures. Les dentelles des chemins côtiers qu'il faudra partager en juste mesure avec les lignes droites.
Éprouver par la marche des profondeurs et des distances oubliées, des découragements, des répétitions et des longueurs qui n’ont pas disparu, qui sont juste à côté, dans un espace-temps voisin que nous fréquentons peu. En mesurer le paradoxe : l’épreuve d’un hors-piste en descente douze jours durant, que je remonterai en trois heures de voiture.
Sera t-il seulement possible de naviguer à vue ?
Où sont les chiens errants sur la carte ?
Quelque chose se construit, c'est une forme, je ne sais pas encore ce qu'elle contient.
J’invente des options en fonction de critères plutôt flous, note des horaires de bus, retranche des tronçons de train, fabrique avec les données une nouvelle carte - où le tracé du parcours est devenu une terre ferme, un fragment de continent - est devenu une ligne d'arpentage, une bordure en forme de côte.
On ne sait plus ce que ce tracé longe ou contourne ou traverse réellement.
On a seulement pour mémoire cette empreinte, le long de laquelle caboter, tâtonner c'est tout comme - et ce jusqu'à l'accostage - une arrivée moins balisée - que la succession des ralentis, la stratification des récits, la frise des paysages préparera peut-être.
VirginieGautier - journal de la thèse, Recherche & Création littéraire, Université de Cergy-Pontoise, laboratoire AGORA, 2016 - Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.
J’invente des options en fonction de critères plutôt flous, note des horaires de bus, retranche des tronçons de train, fabrique avec les données une nouvelle carte - où le tracé du parcours est devenu une terre ferme, un fragment de continent - est devenu une ligne d'arpentage, une bordure en forme de côte.
On ne sait plus ce que ce tracé longe ou contourne ou traverse réellement.
On a seulement pour mémoire cette empreinte, le long de laquelle caboter, tâtonner c'est tout comme - et ce jusqu'à l'accostage - une arrivée moins balisée - que la succession des ralentis, la stratification des récits, la frise des paysages préparera peut-être.
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