9.16.2013

Aujourd'hui j'ai fini d'écrire les Lignes de fuite
























Marcher dans Londres en suivant le plan du Caire, de Lagos.

Marcher, c’est broder le passé sur l’avenir. Une traversée où les lieux et les souvenirs se superposent.

Cette ville, elle a des frontières visibles : des mers, des chaînes de montagnes, des murs bardés de miradors. Et des frontières invisibles.
On fait un pas de plus pour voir jusqu'où on n’a pas le droit d'avancer. 

« La juge aux avocats : quand ils ont un visa séjour d'un an, ils peuvent voyager dans l'espace Schengen ? Je n'entends pas la réponse. »*



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*Marie Cosnay, "Entre chagrin et néant", éd.Cadex

(13ème extrait du texte "Lignes de fuite")

9.04.2013

On y oeuvre par le milieu

©Andrew Moore



Nous la voulons comme une ruine. 
Avec des fers à béton qui pointent encore le ciel ― propositions inadéquates mais répétées d'étages dans les nuages. Avec des morceaux de terrains arides, des murs décorés de fissures en étoiles, en fuseaux. Avec des zones broussailleuses où nul ne peut s'aventurer. Avec des zones dangereuses. Nous la voulons comme une ruine, revenue d'une bataille. Ayant appris à laisser libre cours aux fleuves, sans illusion mais pleine, envahie. 

Après s'être lentement vidée de sa substance, de ville d'hommes au travail, ayant fomenté ensemble par elle leur projet d'évasion, préparé des fuites, des tentatives, des détours. Ayant laissé échapper l'idée même de victoire, ou d'arrivée. Laissé venir telle chose à la fin dans le jour sans raison.

Après s'être lentement vidée de sa substance, de ville économique.
Rust belt, sa ceinture de rouille encercle les terrains en jachères où Grace, Linda, Shea, Malik retournent la terre, préparent les semis. 
Il faut de la patience. 
C'est une question de temps.

Une ville temps sans raison. 

On y œuvre par le milieu.






image : ©Andrew Moore, "Model T Headquarters, Detroit, Michigan, 2009", photograph, 2009.