21 mars 2023
Élasticité du semainier, je crois que mon temps est ailleurs, plus souple, distendu, temps vécu, fait des boucles d’une chose vers une autre et c’est mieux qu’il en soit ainsi puisqu’on est toujours entre mille morceaux qu’il nous faut, temps en pièces détachées, sans cesse recoudre, c’est le travail du récit — ces derniers jours celui de la “rencontre” avec Barbara Glowczewski raccommode 1999 à 2022, tandis que celui autour de l’œuvre de Francesca Woodman en préparation d’une lecture à Douarnenez me fait me retourner vers 2012, 2014, 2020 avec le bel article de Sabine Huynh qui commence par « un livre qui hante » puisque c’est ainsi que je les écrit mes livres, lentement et longuement si bien qu'il y a toujours un fil de phrase qui traîne et finit par ourler un texte à l'autre — en lecture il s'agit de réactiver ce présent du texte, à Rochefort-sur-Loire, un an déjà après la parution de Vers les terres vagues, à Douarnenez huit ans après celle de Les Yeux fermés, les yeux ouverts — Gerry Badger écrit que chaque autoportrait de Francesca enferme un petite pépite de temps et d’espace (a little nugget of time and space), ce temps long d’exposition qui floute la silhouette, la figure, « le passage est ce qui reste » — Susan Howe dans [Son] Emily Dickinson, écrit cette phrase qui me plait beaucoup : « les liens entre choses que rien ne relie constituent l’irréelle réalité de la Poésie ».