3.22.2023

Élasticité du semainier


21 mars 2023

Élasticité du semainier, je crois que mon temps est ailleurs, plus souple, distendu, temps vécu, fait des boucles d’une chose vers une autre et c’est mieux qu’il en soit ainsi puisqu’on est toujours entre mille morceaux qu’il nous faut, temps en pièces détachées, sans cesse recoudre, c’est le travail du récit — ces derniers jours celui de la “rencontre” avec Barbara Glowczewski raccommode 1999 à 2022, tandis que celui autour de l’œuvre de Francesca Woodman en préparation d’une lecture à Douarnenez me fait me retourner vers 2012, 2014, 2020 avec le bel article de Sabine Huynh qui commence par « un livre qui hante » puisque c’est ainsi que je les écrit mes livres, lentement et longuement si bien qu'il y a toujours un fil de phrase qui traîne et finit par ourler un texte à l'autre — en lecture il s'agit de réactiver ce présent du texte, à Rochefort-sur-Loire, un an déjà après la parution de Vers les terres vagues, à Douarnenez huit ans après celle de Les Yeux fermés, les yeux ouverts — Gerry Badger écrit que chaque autoportrait de Francesca enferme un petite pépite de temps et d’espace (a little nugget of time and space), ce temps long d’exposition qui floute la silhouette, la figure, « le passage est ce qui reste » — Susan Howe dans [Son] Emily Dickinson, écrit cette phrase qui me plait beaucoup : « les liens entre choses que rien ne relie constituent l’irréelle réalité de la Poésie ».


2.24.2023

Trois semaines sans voyager


24 février 2023

Presque trois semaines sans voyager, un autre rythme s’installe, de nouveaux espaces s’ouvrent, les choses se déposent, je prends le temps de faire la route vers Brest, le temps des amitiés, le temps de me soucier du site et de boucler un nouveau dossier de résidence, pour un lieu associatif, rural, ce qui permettrait de lancer l’écriture du projet Recours à la nuit dès le premier semestre 2023 — ici en ce moment ce sont plutôt des formes courtes, une page pour la revue Gare maritime de la Maison de la poésie de Nantes, un article en cours, à quatre mains, pour la revue de Sciences Humaines ¿ Interrogations ? sur le croisement arts et SHS autour de « Déplis » — cette semaine rouler, rouler, jongler avec une seule voiture, à cause des déviations prendre les petites routes, des traversées, balades de l‘oeil glissant à la surface des choses, un regard vers la mer au passage, vers chaque maison que j'aime, chaque arbre repère — finir de lire Le Dossier Sauvage (2019), laissée un peu sur ma faim, comme si les éléments documentaires qui commencent à s’articuler entre eux vers la seconde moitié du récit étaient laissés en suspens dans leur entrecroisement même, dans le nouveau sens qu'ils auraient pu prendre, est-ce parce que dans cette juxtaposition de citations il manque tout de même ce “je”, qui engage une parole pour nous faire toucher du doigt, derrière la compilation, un cheminement de pensée, sa nécessité ? — c'est un livre court, un peu sec — il y a néanmoins des sujets et des formes qui me touchent chez Philippe Artières dont je veux poursuivre la lecture avec Le Peuple du Larzac, sur la pile.


2.09.2023

Paris-Grenoble-Quimper

  
9 février 2023

04 au 07, Paris-Grenoble-Quimper, déménager M. et profiter de quelques balades dans les montagnes : Chartreuse, Belledonne, plaisir de marcher dans une couche de neige fraiche en écoutant le poids de ses pas, la consistance du son, de la matière, avec l’impression que cela, le froid, la neige, est déjà devenue chose rare, infiniment précieuse — à l’arrêt le silence de la montagne est un cadeau qui nous ravit — au retour attendre une réponse de résidence qui ne vient pas et devient au fil des jours présage d’un avis négatif, je me demande s’il faudra ajourner le démarrage du nouveau chantier d’écriture, au moins jusqu’à l’automne 2023, ou bien trouver moyen de l’engager ici, maintenant, au milieu de tant d’autres choses : des fragments de textes en cours, l'idée d'une reprise du travail théorique de la thèse, plusieurs ateliers d’écriture, les mémoires de quelques étudiant.es à l’université avec l’espoir d’un nouveau contrat à temps partiel pour l’année prochaine, ce qui voudrait dire réussir à faire entendre mes besoins spécifiques comme écrivaine et enseignante — enfin, ayant passé en revue les rayons “Amérique du sud” de la Bibliothèque Universitaire, j'ai retrouvé l’écrivaine dont je recherchais le nom depuis des mois, Clarisse Lispector et emprunté La Passion selon G.H., ce livre, comme un tunnel.
 

1.27.2023

Reprendre ce journal


27 janvier 2023

23 au 27, reprendre ce journal, écrire vite, sans trop  réfléchir, je n’ai pas été à la gare de Joigny, je n’ai pas passé quelques jours à la "Maison Composer" chez l'amie Ann, c'est partie remise — rentrée par le dernier train du lundi soir, après le séminaire d’Héritages (l'UMR à laquelle je suis associée comme chercheuse), pour une petite semaine ici, j'en ai profité pour lancer l’écriture du poème sur le vagabondage durant les moments privilégiés du matin — qu’il faille rentrer pour rédiger cette ode au mouvement est tout à fait paradoxal et me fait réfléchir — janvier est presque achevé, les deux années de la recherche-action “Déplis” à Dunkerque quasiment derrière moi, je sens que s’ouvre une petite vacance avant nouveau projet d'écriture pour lequel j’attends réponses de résidences, je tente donc de démarrer également ces “Écrits Critiques” auxquels je pense depuis un moment et dont j’aimerais qu’il prennent la suite du travail éditorial — sans réfléchir, mais certainement pas au hasard, j’attrape Manon, Provisoires, la barre est haute, j’y travaille les fins d’après-midi, mais auparavant je m’offre des temps de lecture conséquents pour finir les essais en cours : À l’est des rêves (N. Martin) puis Vivre avec le trouble (D. J. Haraway) — et sortir, le soleil m’attire, marcher, travailler au jardin, je choisis le jardin, plante, fauche, un peu plus d’une heure à chaque fois, le temps est frais mais beau, grand plaisir.