Vendredi 14 avril
Et parfois il n’y a que cet espace du journal pour se donner, au milieu d’une journée de choses administratives, le temps de l'écriture. Dans sa note réflexive une étudiante évoquait à quel point "le travail préparatoire à l’écriture est une forme de méditation à portée de main". Se poser, ouvrir une porte, laisser venir. C’est ce que j’ai fait le week-end dernier lors d'un workshop à Ouessant avec des étudiants des universités de Rennes, Brest et Rimouski dans le cadre de leur projet “Littécriture“. À la rencontre de l’île, j’ai proposé à mon tour de nous empaysager, de partir marcher chacun·e de son côté pour collecter ce qui vient. Une promenade immersive en laissant les phrases monter, comme une petite chanson à réentendre, une voix mêlée au paysage. Ce qui m’a frappé c’est de saisir à nouveau, à travers ce dispositif, l'enjeu d'une prise d'écriture en déplacement. Par l'enregistrement de la voix, les mots captés bout à bout composent une sorte de texte, un pré-texte illisible au moment de la prise de note, un texte potentiel livré à l'audiophone, bricolé au dehors, à même le lieu, entre vent et voix, corps et déplacement. Et tandis que je me désintéressais de mes mots fixés/figés sur le carnet, ce texte mouvant me paraissait plus fascinant, plus juste, mieux à même de saisir quelque chose de l'expérience du paysage.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire