Jeudi 29 juin
Et donc, ils sont revenus, les petits poèmes flottants, ces centons écrits à partir du florilège des ( ) de jour. En les proposant pour traduction à Deniz Dagdelen ("Le Dactylo Méditerranéen") ils me sont revenus à l’esprit. Non parce que je les avais oubliés, mais parce que j'ai repris le fil de ces poèmes-trouvés (exactement comme on dirait des enfants trouvés) — poèmes agencés-recueillis, adressés à distance, depuis un ailleurs vers un ailleurs. J'ai nommé la 1ère série, écrite pendant le confinement, Lettres océanes, en clin d’œil à Cendrars : "la lettre-océan n’a pas été inventée pour faire de la poésie mais quand on voyage, quand on commerce, quand on est à bord, quand on envoie des lettres-océan, on fait de la poésie" (B. Cendrars in Feuilles de route). J'en lirai une partie au festival des poésies contemporaines "Et Dire Et Ouïssance", ce vendredi, à Brocéliande. J'en poursuis l'écriture à partir du même dispositif, de coupes et d'agencements de citations, avec ce fil d’ariane qui est une adresse par-delà le temps et l’espace. Ces petites formes sont des respirations en accompagnement de projets plus lents et plus volumineux, de projets associés à des territoires. Et puisque deux chatons juste arrivés nous forcent à garder les portes closes sur le jardin, je nous fais lecture de poésie, Benoit Casas (Combine) et Emmanuel Laugier (Chant tacite), l’un puis l’autre en fin d'après-midi.