24 janvier 2025
Chaque jour j’écris une "lettre-océan". Cette suite de poèmes commencés il y a plusieurs années, pendant la période du confinement, a régulièrement été mise en retrait pour accueillir des projets d’écriture plus conséquents. En réalité je crois que la poésie pour moi c’est ce qui traverse le temps. Une façon d’échafauder un habitat — précaire, troué, à peine visible — qui doit pourtant nous abriter. La poésie doit tenir. Elle doit savoir marcher sur un fil pendant des années. Et si le monde change, elle doit continuer d’affiner sa tension, poursuivre son mouvement d’équilibre. Son inactualité me rassure. Tout de même, au bout du bout des pages j’ai écrit trois mots en italiques : nulle-part / flottement / adresse. Pour fixer l’idée d’une adresse par-delà un espace, une distance comme un océan, une absence de Terre. Poèmes pour s'ancrer ou pour "faire de ce flottement une stabilité", comme je l’écrivais dans Vers les terres vagues. Trois mots, comme un mémo. Je ne sais si ça aide.