2.27.2024

Tout un mois de janvier


21 février 2024

Tout un mois de janvier en résidence à Dunkerque pour plonger dans l’écriture du « Recours à la nuit ». De pleines journées sans autre but qu'écrire, dans la grande chambre-bureau rythmée par la lumière qui glisse d’une fenêtre à l’autre, où nuit et jour, sommeil et rêves, texte en cours emplissent le même volume. C'était important. J'ai également écrit quelques rêves. Celui dans lequel nous visitions une grande maison circulaire en construction, seule une toute petite chambre, très précieuse, était parfaitement finie. Celui où nous étions dans une grotte comme dans une cachette, tapis dans des replis étroits, avec la vue sur la campagne lointaine en contrebas. Des rêves d’habitation, au sens plein d'habiter, en se laissant atteindre par ce qui nous entoure. En résidence, une part du travail consiste justement à se laisser atteindre. C'est pour cette dé-familiarisation que je me déplace, un dépaysement que j’exerce d’abord sur moi-même. Il s’agit d’être, ailleurs, cette personne poreuse, un peu flottante, allégée du quotidien, lestée par un désir d’écriture. Les derniers soirs, sont venus des rêves de portes battantes et de courants d’air, de franchissements moins agréables. Il était temps de rentrer. Je ne pouvais plus ajourner ce qui s'accumulait et qu’il y avait à faire. Cette semaine, à l'issue d’un examen nécessitant une anesthésie générale, dans ce qu’on appelle “la salle de réveil” de l’hôpital, je me revois tapotant sur mes paupières d’un index puis de l’autre comme sur un clavier, les yeux fermés. Que faites vous avec vos yeux, Madame ? J’écris, je prends des notes.