4.17.2014

Apprendre à tanguer (surtout pas des histoires)

A l’issue de la projection du film de Vivianne Perelmuter « Vertige des possibles », Vincent Dieutre lit ces quelques phrases d’Yves Citton.

Pas des histoires, surtout pas des histoires ! (…) un bout de matière, un bloc de sensations qui ait la consistance d’une chose. Quelque chose qui ne soit pas seulement imaginaire. Quelque chose de vrai. (…) Un geste, un acte, un mouvement, un petit pan de mur sur lequel on ferait un plan fixe, sans musique, ou alors seulement 7 minutes 27 secondes après le début du plan, quelques notes rauques et profondes d’une clarinette basse (…) qu’on y sente le grain de la réalité, l’hésitation d’une fragilité en train d’improviser sa survie ‒ bref, encore une fois, tout sauf une fiction. (…) Nous avons une soif infinie de contre-fictions vraies.

Elles parlent de nous, de ce que nous tentons, de nos tentatives. Aller-vers, des essais pour viser au plus près. De quoi, du monde ? de nos désirs ? De nos désirs du monde ? Avec  errements. Elles parlent d’art, de cinéma, de littérature. Nos rattrapages.
















J’ai pris quelques notes, parce que les mots redéployaient ce que j’avais perçu dans le film.
Vivianne Perelmuter répète : apprendre à tanguer. Et on entend ça comme un programme. Apprendre à tanguer. Eprouver ensemble la question du rêve et de la réalité. Le projet narratif ET la réalité documentaire. Le rêve et le document. Elle dit : Accélérer, décélerer, tanguer : un mouvement. Elle dit : ne pas éponger l’opacité du personnage – le personnage c’est une femme. On se déplace avec elle dans le vertige des possibles, un labyrinthe.

Un labyrinthe ?

Il y a un spectateur qui demande la parole pour dire que le cinéma, ça devrait toujours être ça. Qu’il y a quelque chose de magique quand on ne sait pas où l’on va, que les propositions sont ainsi, inattendues. On accepte de la suivre, cette femme. On fait avec le vertige. Magie, vertige, labyrinthe.

J’ai noté : métamorphoses.

Car ce qui m’intéresse, c’est le passage. L’articulation du rêve et du réel, du désir et du réel. Comme si l'on passait d'un obscurcissement, d'un brouillard, à une netteté. D'une manière brute, à une matière ciselée. Comment mettre ensemble ces deux états distincts ? Travailler l'un et l'autre, et leur circulation ? Jeu, charnière, emboîtement. Cut, fondu. Glissement. Collage.

Dédoublements, superpositions des corps chez Rodin. Juxtaposition de moulages en plâtre. "Le Rêve", je scanne cette carte postale qui voyage avec moi depuis des années. 


















Apprendre à tanguer, en dessous j’ai inscrit : titre possible.
Il me ramène à mes dérives en Lignes de fuiteEt futurs déplacements vers les Sols Mouvants du lac de Grand-Lieu, où je serai en résidence avec l'association Esprit du Lieu, l'année prochaine (automne 2014/printemps 2015).

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