4.05.2013

Sous la lumière brûlée - Avril Ana NB


















la voix s'enfuit 
elle entre dans une zone d'obscurité

n'es pas ma ville n'es pas ma peau n'es pas ma voix n'es pas ma ville n'es pas ma langue n'es pas mon rêve n'es pas

la  nuit une rue peut tout perdre tout – et des heures durant à courir sur une moisson fine d'écume et des heures la chercher  cette rue  - et la rue reste dans le  silence

une porte s'ouvre - bref trait de lumière – seuls les yeux noirs et les cheveux ondulés emportés par le vent

j'ai enfin non je n'ai pas de – et autour la ville en position haute verticale de tant de lumière brulée – et sa nuque à  elle brûlée par la lumière

réveille – toi réveille – toi - ici – j'ai oui je viens je je te suis je marche dans tes pas je – attends moi attends -

un corps se penche une voix se penche – marche continue marche sur la ville comme on marche sur l'eau – comme on marche sur l'eau

elle entre dans une zone de déception

un sillon s'ouvre un sillon sonore s'ouvre elle descend une ruelle puis une autre ruelle une autre ruelle – et sous la pluie l'animal détale

elle effleure le mur de sa main – elle entre maintenant dans l'errance dans l'errance extrême et tous les bleus de la ville se fondent le bleu outre - mer le bleu aniline le bleu de delft le bleu transparent le bleu Tage ciel et – elle court

elle entre dans la zone de perte

on entend loin une voix - j'ai vu le bourreau posté là avec ses amis immobiles quatre fils de bohème

elle dévale une ruelle à façades écorchées - deux ombres fuient - on entend deux voix  - oui je viens je - attends moi attends je marche dans tes pas - je - j'ai oui je viens je - attends moi attends  moi - je marche dans tes pas - je marche sur cette  ville comme on marche sur l'eau

un bateau glisse sur le fleuve un bateau chargé de lumière 

elle trébuche elle agrippe la voix elle colle la voix dans sa bouche elle entraîne la voix dans sa course

elle entre dans la zone d'incertitude

une autre moitié de ciel une autre moitié de ville une autre moitié de – elle saute  par - dessus le mur

un cri un chant bref un rire – une ronde d'enfants huit boucles sonores sous le premier ciel

elle entre dans la zone du temps infini

le bourreau tombe dans sa peau nouvelle de ville –  elle rue pierre façade rue pierre place rue rues désordre de rues pierres tentative de pierres

elle se précipite  elle se jette dans la première rue vide elle entaille le silence - attends moi attends je marche dans tes pas - je - j'ai oui je viens je - attends moi attends  moi - je marche dans tes pas - je marche sur cette  ville comme on marche sur l'eau

du jaune entre dans le ciel bleu 

un cri
un chant bref
un rire 

elle entre dans la zone de rêve

elle descend les marches
elle entre dans la cour
elle ouvre l'obscurité
elle tourne dans le cri sombre éclatant
ses pieds nus frappent l'eau
elle danse le bruissement de l'eau
elle répand sa voix

Elle entre dans une zone de lumière brûlée

ana nb


Plaisir de recevoir à nouveau Ana ici, pour une ville en rêve, traversée, ce vase communicant d'avril. Nos échanges de fragments en construction par mails. Et puis le hasard retrouvé, la découverte de ses phrases : "ses pieds nus frappent l'eau", à mes phrases :"on ne sait plus où mettre le pied l'eau si elle est douce". 
Elle, ici.

Mon texte là-bas 

Tiers Livre et Scriptopolis sont à l'initiative d'un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d'un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… "Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.".

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