©virginiegautier |
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Janvier,
Journée d'études autour de la Recherche & Création organisée par l'équipe de la licence ARTS, à l'Université de Bretagne Occidentale (UBO) où j'évoque les différentes circulations — entre mon parcours antérieur et l'université — l'écriture théorique et l'écriture poétique — écrire et faire écrire — telles que je les pratique depuis ces dernières années — j'aurai pu ajouter entre le Finistère, Paris et Cergy tant me frappe le fait que je me sois installée aussi pleinement dans ces va-et-vient, dans ces circulations autour desquelles j'organise mon propre équilibre.
Journée d'études autour de la Recherche & Création organisée par l'équipe de la licence ARTS, à l'Université de Bretagne Occidentale (UBO) où j'évoque les différentes circulations — entre mon parcours antérieur et l'université — l'écriture théorique et l'écriture poétique — écrire et faire écrire — telles que je les pratique depuis ces dernières années — j'aurai pu ajouter entre le Finistère, Paris et Cergy tant me frappe le fait que je me sois installée aussi pleinement dans ces va-et-vient, dans ces circulations autour desquelles j'organise mon propre équilibre.
Ce faisant j'ai l’impression de m’être engagée dans bien plus que dans une thèse, d’avoir plongé dans une formation où il m’est donné d’être à la fois dans la transmission et dans l’écriture, dans l’échange et dans la création, d’approfondir un champ théorique et de développer une dimension artistique.
C’est intense pour l’esprit car les directions sont parfois bien différentes — entre l’écriture théorique, explicite, qui cherche à se faire comprendre et l’écriture poétique, implicite parfois, qui cherche à émerger, à se faire entendre — mais c'est aussi très stimulant car j'ai l'impression de pouvoir faire coïncider ce que j'ai longtemps tenté d'articuler : créer / chercher / transmettre.
Je voudrais dire l'intensité de la recherche quand je peux m'y poser plusieurs journées d'affilée (luxe rare). Ce qui s'y inscrit avec certitude et ce qui s'y inscrit par tâtonnements, en attendant d'y revenir. Et la façon dont elle croît, la recherche, par strates, comme quelque chose qui se constitue quasi géologiquement, en superpositions horizontales, avec retours possibles vers des strates antérieures, plus anciennes, qui ne sont pas figées et que je peux retoucher — alléger, épaissir, redessiner.
Des mots, des phrases, des idées me traversent pendant ces temps de travail théorique. Je prends des notes, qui ne sont que des bribes pour l'autre texte, cela créé une attente. Mais comment ces notes s'y inséreront-elles ? Et quelle trace y laissera les réflexions issues de mon étude ?
> Y a t-il du JEU dans “Marchécrire” ?
> Voir citation de Davila sur Pollock
> Poser un cadre et laisser les choses entrer dedans (si je m'arrête et note ce qui passe — mobile — dans mon cadre ?)
> Travailler avec les phrases des gens => somme d'archive sur la zad
> Le tout-urbain, Rousseau, déjà : "On ne croit plus parcourir des déserts quand on trouve des clochers parmi les sapins, des troupeaux sur des rochers, des manufactures dans des précipices, des ateliers sur des torrents"
> Réflexion sur les routes : reprendre le texte de Corboz "Le Territoire comme palimpseste"
etc.
etc.
Je n'écris plus, je prends des notes, des notes qui s'accumulent pour le moment où je pourrais de nouveau écrire.
Quand je dis je n'écris plus, c'est le texte littéraire qui est en attente et cette attente est impatiente, j'attends le moment d'y revenir. Car cette écriture poétique est une inspiration, une façon de reprendre souffle — qui n'est pas comme de s'exprimer (sortir de soi quelque-chose), mais plutôt comme d'inspirer — de recevoir quelque chose. Quand j'attends trop ce souffle me manque. Je le cherche dans les textes des autres.
L'autre écriture c'est une dimension différente du travail, un autre versant, théorique.
Debout sur le versant théorique, je me demande comment continuer la première escalade. Retourner sur la zad, reprendre le texte à même le lieu, en avril peut-être, poser mon cadre, décrire. Je me dis qu'il y a une part documentaire que je peux mener ici.
Dire le péri-urbain, cette campagne fabriquée puis désertée, ces zones résidentielles.
J'écoute sur France Culture "4 expériences de retour à la nature", Thoreau, Reclus, Longo Maï... je prends des notes qui sont des phrases comme les autres. Je ne sais pas dire quel est mon sujet. Je me fiche un peu de cette question du sujet pour l'instant. Je parle plutôt de cadrages, de dispositifs pour dire quelque chose du sujet en dehors de moi. Je ne sais pas encore exactement ce que je cherche. Mais il y a déjà beaucoup de choses déposées dans le texte.
J'y pense à distance, sans le relire, pour ne pas l'user.
Je cherche la direction qu'il prend, au vent s'il tourne encore, comme une girouette.
J'y pense sans écrire, car j'avance sur l'autre versant. Et je comprends de mieux en mieux cette histoire de récits d'expérience : comment l'écriture dit cette expérience à côté, après coup, avec la mémoire. Comment elle la re-fabrique. Comment elle se confronte littéralement aux lieux (aux villes par exemple qui sont comme des textes). Je le comprends mieux parce que je le lis dans les textes des autres, et l'étudie en faisant des liens entre les arts, les époques. Je me demande comment l'écriture pourra dire ces lieux que j'ai traversé pour Marchécrire, qui ne sont pas des villes, qui sont des lotissements, des villages déserts, des routes nationales, des sentiers côtiers, des choses construites, des artifices, des espaces qui s'inventent : la zad où je suis arrivée. Je cherche où je suis dans tout ça.
J'écris sur l'autre versant, je vois le temps fondre et j'espère que quelque chose résiste.
Je me souviens d'un texte de Tony Smith.
Quand je dis je n'écris plus, c'est le texte littéraire qui est en attente et cette attente est impatiente, j'attends le moment d'y revenir. Car cette écriture poétique est une inspiration, une façon de reprendre souffle — qui n'est pas comme de s'exprimer (sortir de soi quelque-chose), mais plutôt comme d'inspirer — de recevoir quelque chose. Quand j'attends trop ce souffle me manque. Je le cherche dans les textes des autres.
L'autre écriture c'est une dimension différente du travail, un autre versant, théorique.
Debout sur le versant théorique, je me demande comment continuer la première escalade. Retourner sur la zad, reprendre le texte à même le lieu, en avril peut-être, poser mon cadre, décrire. Je me dis qu'il y a une part documentaire que je peux mener ici.
Dire le péri-urbain, cette campagne fabriquée puis désertée, ces zones résidentielles.
J'écoute sur France Culture "4 expériences de retour à la nature", Thoreau, Reclus, Longo Maï... je prends des notes qui sont des phrases comme les autres. Je ne sais pas dire quel est mon sujet. Je me fiche un peu de cette question du sujet pour l'instant. Je parle plutôt de cadrages, de dispositifs pour dire quelque chose du sujet en dehors de moi. Je ne sais pas encore exactement ce que je cherche. Mais il y a déjà beaucoup de choses déposées dans le texte.
J'y pense à distance, sans le relire, pour ne pas l'user.
Je cherche la direction qu'il prend, au vent s'il tourne encore, comme une girouette.
J'y pense sans écrire, car j'avance sur l'autre versant. Et je comprends de mieux en mieux cette histoire de récits d'expérience : comment l'écriture dit cette expérience à côté, après coup, avec la mémoire. Comment elle la re-fabrique. Comment elle se confronte littéralement aux lieux (aux villes par exemple qui sont comme des textes). Je le comprends mieux parce que je le lis dans les textes des autres, et l'étudie en faisant des liens entre les arts, les époques. Je me demande comment l'écriture pourra dire ces lieux que j'ai traversé pour Marchécrire, qui ne sont pas des villes, qui sont des lotissements, des villages déserts, des routes nationales, des sentiers côtiers, des choses construites, des artifices, des espaces qui s'inventent : la zad où je suis arrivée. Je cherche où je suis dans tout ça.
J'écris sur l'autre versant, je vois le temps fondre et j'espère que quelque chose résiste.
Je me souviens d'un texte de Tony Smith.
«C’était une nuit sombre, il n’y avait pas d’éclairage ni de signalisation sur les côtés de la chaussée, ni de lignes blanches, ni de glissières de sécurité, ni quoi que ce soit, rien que l’asphalte qui traversait un paysage de plaines entouré de collines au loin, mais ponctué par des cheminées d’usine, des pylônes, des fumées et des lumières colorées. Ce parcours fut une expérience révélatrice. La route et la plus grande partie du paysage étaient artificiels, et pourtant on ne pouvait pas appeler ça une œuvre d’art. D’autre part, je ressentais quelque chose que l’art ne m’avait jamais fait ressentir. Tout d’abord je ne sus pas ce que c’était, mais cela me libéra de la plupart des opinions que j’avais sur l’art. Il y avait là, semblait-il, une réalité qui n’avait aucune expression en art. L’expérience de la route constituait bien quelque chose de défini, mais qui n’était pas totalement reconnu. Je pensais en moi-même : il est clair que c’est la fin de l’art.» (Tony Smith, 1966)
J'avance de nuit. Une lampe éclaire mes pas et un morceau de route devant moi. Je ne sais pas ce qui est réel — si mon texte est plus réel — ni ce qui est artificiel — à quel point le paysage est artificiel. Mais je sais que toute la nuit en bloc, nuit-d'arbres, nuit-champs, nuit-maisons-silencieuses, nuit-de-bêtes et nuit-sans-lune, avance et se déplace en même temps que moi. Quand j'écris c'est ce qui m'importe.
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